EN
la lueur de la lune se brise dans les interstices où s'engrènent les rouages, et des méduses violettes nagent le long des rails rouillés. Le septième marronnier avale tout entier le crépuscule ; dans ses cernes annuels poussent des perles de verre parlantes qui répètent inlassablement un phonème inexistant.
quand l'aiguille des heures commence à remonter à contre-courant, le distributeur automatique au coin de la rue crache un arc-en-ciel fondu. Des fils de sucre visqueux s'enroulent autour des chevilles des passants, les entraînant vers une zone de vide située derrière les nuages. Là flottent d'innombrables mardis froissés, chacun enveloppé d'un bourdonnement de cigales au goût de menthe.
soudain, toutes les ombres se mettent à danser le flamenco, enflammant du bout du pied les feuilles de ginkgo tombées. Le vent pousse des ballons transparents qui s'écrasent contre les aiguilles de l'horloge, projetant des gerbes de bulles couvertes de points d'interrogation. Quand la dernière bulle disparaît, les lampadaires se transforment tous en pissenlits violets, dont les duvets renferment d'anciennes comptines que personne ne peut comprendre.